Alors que le Maroc mène actuellement plusieurs réformes consacrées à l’amélioration du fonctionnement de la justice et au renforcement de l’administration judiciaire, l’École nationale de la magistrature (ENM) a formé l’ensemble des chefs de juridictions marocains aux techniques managériales.
Organisée à la demande du Ministère de la justice marocain, la formation conçue par l’ENM en partenariat avec la Commission européenne pour l'efficacité de la justice (CEPEJ) associait trois séminaires thématiques de deux jours, soit six journées répétées en octobre, novembre et décembre. Dispensée simultanément à Tanger, El Jadida et Agadir, elle a réuni 255 magistrats du siège et du parquet : premiers présidents, procureurs généraux, présidents et procureurs du Roi du Maroc.
Le magistrat-manager
« Pour répondre aux objectifs de rapidité, d’efficacité, de qualité et d’ouverture de la justice, les chefs de juridictions doivent être formés aux méthodes et aux procédures leur permettant d’assurer leur mission de « magistrat-manager ». Le management consiste à la fois à fixer des objectifs, choisir les moyens de les atteindre, les mettre en œuvre, contrôler les résultats obtenus et assurer une régulation à partir de ces contrôles » explique Tania Jewczuk, magistrate chargée de mission au département international de l’ENM. Le cycle de formation dispensée par les équipes de l’ENM et de la CEPEJ a permis d’aborder plusieurs thématiques telles que l’organisation des tribunaux, le rôle du chef de juridiction, la gestion des ressources humaines, la gestion budgétaire et immobilière, la sécurité ou encore la communication. « Tous les chefs de juridictions marocains sont désormais familiarisés avec les techniques et instruments de pilotage, de gestion et de contrôle actuels développés dans le monde de l’entreprise ». Transposés et adaptés au milieu judiciaire, ces nouveaux outils visent à améliorer le fonctionnement des juridictions qui conservent toutefois de nombreuses spécificités : dyarchique entre les magistrats du siège et du parquet, dimension « primus inter pares » du chef de juridiction et indépendance du juge dont la décision ne peut être contestée.
Moderniser le système judiciaire : de nombreuses réformes engagées au Maroc
La justice marocaine connaît une transformation inédite, initiée depuis 2009 à la demande du Roi. En 2013, une charte de la réforme du système judiciaire a été élaborée. Cette charte faisait état de 6 objectifs, dont la modernisation des juridictions et de leur gouvernance. L’année 2017 marque une étape essentielle avec l’installation du Conseil Supérieur du Pouvoir Judiciaire en septembre et, en octobre, l’indépendance des procureurs du royaume désormais sous la responsabilité du procureur général de la cour de cassation et non plus du ministère de la justice. D’autres réformes, telles la mise en place de « secrétaires généraux » dans les juridictions, dont le rôle et le statut ne sont pas encore définis, devraient intervenir prochainement.
À lire aussi : Article paru sur le site de L’Union Européenne le 12 décembre 2017 : Réforme de la Justice : La gestion des tribunaux et les nouveaux rôles des responsables de juridictions